Intervention courants faibles 
dans le programme Les Ateliers de Rennes 2008
Manifestation initiée et organisée par Art Norac du 16 mai au 20 juillet 2008
Conception / réalisation : Art to be

www.lesateliersderennes.fr

annonce

Annonce de recrutement pour le compte de courantsfaibles

 

Pour Les Ateliers de Rennes - Biennale d'art contemporain qui s'est déroulée de mai à août 2008, courants faibles a fait appel à sept personnes néophytes1 recrutées par l’agence d’intérim rennaise Gérinter, partenaire du projet. Elles ont été chargées de rédiger une partie des notices pédagogiques du guide d’exposition de la biennale de Rennes. A l'issue de cet atelier d'écriture, l'une des rédactrices occasionnelles est devenue médiatrice, chargée de guider le public pendant toute la durée de l’exposition, en s'appuyant sur les écrits élaborée avec les six autres intérimaires ayant participé à cet atelier.
À travers cette intervention, des travailleurs intérimaires, coiffeurs, plaquistes, secrétaires, livreurs, photographes de mariages, investissent l'espace critique du commentaire des œuvres d'art. Leurs regards, leurs analyses et leurs interprétations en prise directe avec leur expérience personnelle, proposent des lectures inhabituelles des œuvres. Le cadre du travail intérimaire, dans cette mission inhabituelle, réévalue la portée des œuvres et contribue à la singularité du dispositif. La variété des approches et des modes d'écriture – inventaire, dialogue, mode d'emploi, souvenirs, etc. insuffle une liberté de regard et de ton.

Cette conception atypique du guide d’exposition déplace les cadres habituels de la réception et de l'interprétation des œuvres d’art. Elle active des formes de subjectivité et met en perspective les questions soulevées par les artistes en sollicitant l’expérience de chacun. C’est aussi une invitation implicite au public à interagir avec les œuvres à partir de son propre itinéraire.
Nos procédures de travail reposent sur des méthodes qui vont à « rebrousse-poil » d’une certaine logique de production basée sur la rationalité et la gestion des ressources humaines. Pour ce projet, nous faisons appel à des personnes dont les compétences en termes de connaissance (l’art contemporain) et les savoir-faire (écriture et rédaction) sont délibérément écartés au profit de compétences humaines et intellectuelles – curiosité, sensibilité, goût du partage et du travail en groupe. L’annonce diffusée par l’agence d’intérim Gérinter recrute les sept intérimaires associés au projet non pas sur un profil « professionnel » mais sur des motivations et des envies.
Dans l’« anomalie » réside un potentiel de subjectivité et de créativité. En adoptant la posture de l’« amateur2 », en nous écartant, nous-mêmes, de nos propres domaines de compétences pour investir celui de l’écriture et de la critique d’art, nous perturbons les habitudes et les usages afin de mettre en œuvre de nouveaux processus de création et de production.
courants faibles

 

1. Sept intérimaires recrutés par l’agence d’intérim Gérinter, partenaire de la biennale, seront rémunérés par Art Norac sur le budget attribué à courants faibles pour ce projet.
2. Synonymes de "amateur" : « amoureux, gourmand, dilettante, gourmet, curieux, connaisseur, passionné, friand, fantaisiste, amant, admirateur, sauteur, prétendant, porté, faiseur, client, Collectionneur, gastronome, féru, fumiste, chaland, bricoleur, ami », C.N.R.T.L. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, http://www.cnrtl.fr
 
ci-dessous : photos de l'atelier à Rennes en décembre 2007
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La médiatrice
Manue de Lambert
Médiatrice des ateliers de Rennes pour courants faibles
“Pour le recrutement, nous avons été choisis sur des critères inhabituels : il fallait imaginer un récit de voyage sur la lune. Cela m’a plu de changer ainsi d’univers.
Ma première impression était une impression de liberté, car j’étais à l’époque attachée commerciale et écrire librement sur des œuvres d’art était nouveau pour moi. Cela ressemblait à un jeu inconnu, et comme j’apprécie et le jeu et l’inconnu, j’étais très enthousiaste.
Cependant, je me suis rendue compte que là aussi existaient des contraintes : des horaires, la nécessité d’être productif, etc. Je me suis dit : quoique tu fasses, il y a des contraintes.
Avant, je n’avais pas de relation particulière à l’art contemporain. Je ne pensais pas que c’était une activité structurée, ne m’étant jamais interrogée sur le travail de l’artiste. Si l’on m’avait demandé d’en citer un, j’aurais dit Kandinsky. Si je n’avais pas mené ce travail, J’aurais sans doute été comme les rétifs que j’ai accompagnés dans l’exposition.
Cela a changé mon rapport à l’art, mais n’a pas changé mon rapport au travail, car je suis d’un naturel curieux et critique. Je demande au travail autant qu’il me demande. J’en accepte les contraintes, mais sous certaines conditions et j’ai le sentiment de maîtriser ma relation avec lui. Etonnamment, mon emploi à la médiation a été la seule période de ma vie où je n’ai pas eu cette maîtrise, car le travail était difficile. Je devais être inventive, toujours prête à rebondir, en tant qu’incarnation d’une proposition d’artistes et en même temps, je devais être médiatrice et gardienne d’exposition, à horaires fixes, embauchée dans les mêmes conditions que les autres.
Cela dit, j’ai découvert la démarche des At workers et j’ai très envie de l’exploiter car j’aime tout ce qui fait faire différemment ce qu’on fait.”
Le contrat médiatrice

Le contrat de Manue de Lambert, médiatrice.

 

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